Ce n’est pas parce que Au Crépuscule est un roman young adult, de fantasy décomplexée (d’urban fantasy plus précisément), aux personnages hauts en couleur et aux événements surnaturels que le décor ne peut pas être ancré dans la réalité. Au contraire, il me semble qu’un contexte historique donne un vernis de crédibilité et met en valeur, par contraste, le fantastique d’une histoire.
Je ne suis pas persuadé que ça ait toujours un intérêt de procéder de la sorte mais plus le fond est réaliste plus on est en droit d’attendre que les personnages principaux le soient aussi, que les lois de la physique s’appliquent pour eux aussi, quand bien même ils affronteraient des dragons avec des pouvoirs magiques.
À mon sens, cette approche sert le propos de ce(s) roman(s). Quand, dans Presque Minuit, un personnage meurt, ce réalisme de fond pousse à croire qu’il ne va pas « magiquement » revenir à la vie. J’y tiens et j’y ai d’autant plus veillé car j’estime (et c’est encore un autre débat) que c’est ce qui permet de se connecter aux personnages, d’avoir peur pour eux, de se battre avec eux. Chaque danger est un vrai danger car le monde est « réel ». Les personnages sont différents de nous, mais ils ne nous sont pas “supérieurs”.
Je m’égare. J’en reviens au réalisme, à ancrer le roman dans un décor historique. Pour Presque Minuit, c’était “facile”, c’était l’Exposition Universelle de Paris de 1889 qui donnait une couleur de fond à l’intrigue et une certaine “tangibilité” au roman (le terme n’est pas adéquat mais soit vous m’avez compris soit vous ne me méritez pas).
Pour Au Crépuscule, que je souhaitais situer entre 1892 et 1893 (pour que les héros soient plus âgés), l’époque ne possédait pas le même type d’événement célèbre et marquant pour asseoir la partie réaliste du roman. J’ai donc cherché quelque chose qui puisse varier du précédent et donner une teinte spécifique à cette nouvelle histoire.
Si j’ai placé quelques rapides références à l’époque (gouvernement, mouvement anarchiste, système scolaire), j’ai surtout situé l’histoire durant une période connue pour avoir été marquée par une vague de grand froid afin d’obtenir cette ambiance différenciante, afin d’obtenir quelques scènes spécifiques (du givre, de la glace, de la vapeur et de la neige).
De la même manière, la lune étant au cœur de cet Éthermonde (c’est le nom que je donne au pack Presque Minuit + Au Crépuscule) et le roman se déroulant sur une période notablement plus longue que Presque Minuit, j’ai poussé le réalisme à respecter à la lettre les cycles lunaires et à les préciser quand ça revêtait un intérêt descriptif (quand bien même le roman n’est pas un médium visuel) avec, par exemple, des scènes sous une pleine ou nouvelle lune quand le calendrier le permettait.
C’est du détail de détail mais ça m’a permis de mettre en scène des moments auxquels je n’aurais pas forcément pensé (la zone de confort est si… confortable), ce vernis de réalisme permettant, je crois, de mettre en valeur les personnages et l’histoire de Au Crépuscule.
Au Crépuscule est disponible dès à présent dans toutes les bonnes librairies.
350 pages, Grand format, 16€, chez 404 éditions.