Green Lantern / Green Lantern Corps – Comics

Préambule

J’adore Green Lantern. Si si je vous jure.

Bon, soyons honnête, y’a un an de ça, je n’aurais peut-être même pas su faire la différence entre Green Lantern et Green Hornet (vous savez comme ces gens qui ne font pas la différence entre The Flash et Flash Gordon), c’est dire si en terme de geekitude, j’étais à la ramasse sur ce point (ma seule circonstance atténuante sera d’arguer que les masques/loups verts des deux personnages sont ressemblants… de loin). Depuis, j’ai lu d’un côté une grosse pelletée de comics, de l’autre, j’ai vu l’adaptation filmique. Et je sais donc maintenant que si un Green Lantern peut faire apparaître un gros frelon vert s’il le souhaite, Green Hornet n’a aucune bague ni lanterne.

Dans mon esprit GL (on l’appellera comme ça, ça me fait gagner de la place, merci) était un truc kitch au possible et ne valait sûrement pas qu’un homme aux gouts sûrs comme moi se risque à s’y intéresser. Ah les préjugés… Mais, à la faveur d’un très chouette mini-épisode (celui excellemment dessiné par Joe Quinones dans le Wednesday Comics), un épisode cartoony, coloré et cosmique, je me suis dit que je pouvais bien faire un essai. Parce que j’aime le risque – surtout quand le risque encouru est de découvrir tout un pan de l’univers comics qui m’est inconnu. J’ai donc tenté et j’ai adhéré plutôt deux fois qu’une.

J’ai mangé pas mal de forums spécialisés et Wikipédia pour me mettre un peu dans le bain, pour comprendre qui était qui, quelles étaient les interactions entre les personnages, pour trouver une porte d’entrée à l’univers – mais c’est aussi ce qui fait parti de l’attrait de la découverte : découvrir sur le tard une mythologie foisonnante qui s’est construite dans le temps.

Cet honteux préambule passé, je me suis enfilé une vingtaine de recueils en quelques mois et me suis motivé à en faire mon plus long article jusqu’alors à la faveur de l’adaptation cinématographique à venir.


Green Lantern

Alors oui, il est habillé de vert. Oui, c’est une sorte de combinaison. Et oui, ça peut, si vous êtes du genre moqueur, être taxé de ridicule. D’un autre côté, si je pense aux uniformes de Star-Trek (les fameux « pyjamas ») ou aux kimonos des Jedis, ce n’est ni plus ni moins ridicule.

Dans tous les cas, dans le genre très feuilletonnant et pourvu qu’on aime le space opéra, les monstres en plastique, les punchlines héroïques et les mystères mystérieux, on fait difficilement mieux. Du fait des capacités du personnage (« rendre tangible n’importe quelle création issue de son imaginaire par la seule force de sa volonté ») et de la toile de fond des intrigues (très souvent « l’espace »), le type d’histoires change agréablement des récits de super-héros classiques. C’est parfois très américain, parfois absolument « patriotique », on le tolère ou non mais ça fait parti de l’œuvre. Et oui, aussi, c’est parfois très kitch. Cosmo-kitch même quand on voit l’apparence de certains aliens. D’un autre côté, les personnages bigarrés, grotesques et les situations colorées sont traités avec un vrai sérieux et un trait réaliste qui rendent l’ensemble beaucoup plus digeste et prenant – même si j’avoue avoir une certaine tolérance au plastique (Buffy, Angel, Babylon 5, Doctor Who, même combat). Bah oui, moi, vous me mettez un requin humanoïde, un mec télépathe avec une tête d’un mètre de haut qui siphonne les cerveaux, je suis heureux. Il m’en faut peu, hein, mais faut que ce soit de la bonne.


Green Lantern Corps

Bon quand je dis que j’adore Green Lantern, je biaise un peu. En fait je suis bien plus fan de Green Lantern Corps, la petite sœur. Là où GL se focalise avant tout sur Hal Jordan, le pilote d’avion terrien, GLC parle du « corps » des Green Lantern, soit des milliers de soldats verts issus de tous les secteurs de l’univers. Ma précédente comparaison avec Star Wars n’était d’ailleurs pas innocente, en cela que le Green Lantern Corps, ce n’est ni plus ni moins que l’ordre des Jedis (ou le Nova… Corps de l’univers Marvel), des sortes de superflics de l’espace qui sont confrontés à de grandes menaces tout en tentant d’apporter une certaine stabilité à l’univers. Des Jedis qui volent comme San Goku et ses potes et qui n’hésitent pas à balancer des Kamehas et autres Genki Dama avec leurs anneaux. Oui parce que sinon c’est pas fun.

De la testostérone, du cosmique, de la grande aventure, de grands idéaux, des rebondissements et de la baston mais pas que, et c’est là que c’est particulièrement intéressant. Dans ces entre-deux, dans les moments où les sentiments et le relationnel modifient le cours des événements. La plupart des intrigues met en scène la même douzaine de personnages mais des figurants présentés au coin d’une case peuvent prendre une grande importance plus tard. Chaque intrigue indépendante en entraîne une autre pour finalement aboutir à des développements insoupçonnés (« les lois » fascistes établies au fur et à mesure par les « gentils » mais dénués d’émotions Gardiens d’OA, des Yodas bleus).

Le ton général est d’ailleurs plus baroque et bariolé que chez la grande sœur (on visite des mondes extraterrestres, on rencontre des espèces étranges) mais aussi beaucoup plus dur (on y meurt, beaucoup, énormément) et de façon parfois très violent. GLC travaille ainsi beaucoup sur les contrastes. C’est fluo, c’est superhéroïque, c’est coloré, spatial mais à coté de ça, c’est peut être la série « grand public » la plus gore et horrifique qui soit. Le taux de mort chez les « soldats » est vraiment important, et ça meurt rarement de manière héroïque (pour le coup). C’est parfois très sanglant et beaucoup de visuels sont impressionnants : démembrements, coupages de troncs en deux, créatures avec des bouches dans les yeux, créatures à trois têtes et des idées pour le moins tordues (exemple le plus parlant : Kryb, cette créature monstrueuse dont le dos vouté est une sorte de gigantesque cage thoracique inversée servant de couveuse et de réceptacle aux bébés qu’il kidnappe !). Oui, c’est parfois assez dégueulasse (toute proportion gardée, GL l’est bien moins). Il va sans dire que c’est aussi une des choses que j’aime, que ce soit très héroïque façon « carte postale du parfait petit scout » avec à côté des mutilations et des explosions de tête qui apportent une dureté à l’ensemble (bon c’est pas Ken le Survivant non plus, hein, mais pour une série mainstream, c’est un élément étonnant). Et c’est ce décalage entre niaiserie et sombritude, ce grand écart, qui donne du goût et que je trouve terriblement accrocheur (tout y est gigantesque, épique et n’importe qui peut y passer n’importe quand).


Entertainement (« Grand Spectacle »)

Oui mais ça reste kitch et craignos ton truc là ?

Oui, les gens tristes, bassement terre a terre, incapables d’accepter un univers « autre », ne pourront voir au delà de l’apparence première et apprécier ce conte pop(ulaire) pour ce qu’il est (il m’arrive d’être de ceux là mais je me soigne, cet article en est la preuve). Si les couleurs sont chatoyantes, ce n’est pas forcément puéril. Comme tout bon comics avec une mythologie détaillée, GL et GLC ne sont rien de moins que de bons gros soap, qu’un retour aux mythes de notre monde, que des hommages inspirés au folklore égyptien, asiatique, grecque, romain où les dieux s’entretuaient et se querellaient sans cesse, aux matrices de l’Aventure avec du dépaysement, du mystère, de l’amitié, du sacrifice, de l’héroïsme et du courage. Et qui, sous couvert de gros monstres en plastique, parvient a raconter des choses sur la nature humaine sur fond de grandes aventures. On en revient toujours au pouvoir et à la responsabilité qui en incombe. Et du fait que, sous couvert de sécurité et du « plus grand bien », on est parfois poussé à un zèle protecteur qui peut se révéler malheureux.

Sorti de cette dernière considération peut-être un peu pontifiante pour le divertissement qu’est l’univers de Green Lantern, ça reste un excellent best-of de ce que j’adore : les punchlines balancées par un énergumène alors que c’est la fin du monde, les rapports tendus entre membres d’un même groupe avec une alliance dans les moments difficiles face à l’adversité, les duos qui ne s’aiment pas mais s’apprécient finalement beaucoup, les épisodes indépendants qui ont en fait un rôle à jouer dans la suite, le fait de présenter des persos nouveaux, de nous les rendre sympathiques pour les butter à la première minute de l’affrontement à venir… Des codes récurrents dans le manga, le comics et certaines séries TV (Les JossWhedonneries en tête) que je trouve toujours aussi séduisant et excitant.



Film

Maintenant que la présentation est faite dans le détail, vous imaginez bien que l’univers de Green Lantern au cinéma ne sera pas évident à retranscrire. Un film avec une composante spatiale importante, des décors aliens, des créatures étranges, une multitude de pouvoirs pyrotechniques et fluorescents, ne peut se révéler visuellement convaincant qu’avec un énoooooorme budget. Parce que le soucis, c’est de tenter de plus ressembler à du Star Wars qu’à du Dragonball Evolution. Le premier trailer a fait craindre le pire mais une version longue, retravaillée, a été diffusée il y a quelques jours et elle rend mieux. J’insiste sur le « mieux » (je n’ai pas dit « bien »). À voir donc. Ou pas.

Oui ce billet est un peu parti dans tous les sens, en sautant du coq à l’âne mais je vous l’avais dit : j’adore Green Lantern.


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